Préhistoire : Vénus callipyges, des oeuvres de femmes !

Publié le par meopeintredulundi.over-blog.com

J’ai déjà eu l’occasion de dire combien j’étais sensible à la beauté des figurines féminines datées du paléolithique supérieur (autour de – 25000 ans) et que l’on nomme Vénus.

Elles ont en commun que les seins, le ventre, les hanches ont l’air énormes alors que les pieds sont petits et la tête souvent négligée, l’ensemble s’incluant assez parfaitement dans un losange.

Ces disproportions anatomiques sont généralement attribuées à des raisons symboliques (fécondité) ou psychologiques (érotisation du corps).

Et bien, je viens de lire dans le magnifique « 100 000 ans de beauté » Préhistoire / fondations, chez Gallimard, sous la plume de Leroy Mc Dermott (University of Central Missouri, USA), une autre proposition qui éclaire d’un jour nouveau cette question ; proposition qui m’a convaincue et réjouie : ce sont des autoportraits sans miroir !

Je m’explique : lorsque vous êtes enceintes et que vous regardez vos pieds , les seins et l’abdomen sont au 1er plan dans le champ visuel alors que le visage, le torse et les fesses ne peuvent pas être vus ! la femme enceinte voit jusqu’au nombril la partie supérieure de son corps. Lorsqu’elle regarde par delà l’abdomen, la partie inférieure s’effile réduite au 1/3 plutôt qu’à la moitié !

« L’articulation mentale de ces 2 points de vue crée un losange» !

En ce qui concerne les fesses, « souvent renversées ou atrophiées », Mc Dermott précise « que la femme enceinte qui sculpte son corps en se mirant dans un défense de mammouth regarde son postérieur latéralement sous ses bras ».

VénusRegardez la photo ci-contre : à gauche la photo de ce que voit une femme enceinte qui regarde ses pieds, à droite le même point de vue pour la Vénus de Lespugue (-22000 ans, grotte des Rideaux, Haute-Garonne).

C’est convaincant non ?

Les implications sont importantes, puisque même si on pouvait s’en douter, cela fait remonter à la préhistoire l’émergence de l’activité artistique comme conscience de soi et appelle à reconsidérer le rôle des femmes dans la création des premières images humaines.

McDermott ajoute : « l’utilisation, à la même époque, des mêmes outils, techniques et matériaux, pour sculpter des animaux formellement proches – en l’absence de la moindre preuve de créations d’image par les hommes – permet de supposer que les femmes ont pu être à l’origine des images figuratives" !

Considérant la domination des hommes dans l’art des derniers siècles, on est en droit de se poser la question suivante :

A quelle époque les hommes se sont-ils réattribué la donne ?

Je trouve cette question quasi « métaphysique »… si quelqu’un a une réponse, je suis preneuse !

 

100 000 ANS DE BEAUTÉ  : I. Préhistoire / Fondations - II. Antiquité / Civilisations - III. Âge classique / Confrontations - IV. Modernité / Globalisations - V. Futur / Projections. Sous les directions scientifiques de Pascal Picq, Georges Vigarello, Marc Nouschi et Françoise Gaillard . Édition publiée sous la direction d'Élisabeth Azoulay. Édition en cinq volumes vendus ensemble sous étui pyramidal, 1272 pages, ill., sous couv. ill., 250 x 320 mm. Hors série Beaux Livres (2009), Gallimard -art. ISBN 9782070125319. 150,00 €

 

Publié dans Actu

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F
Très intéressant
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